Dans un COCON, de la part de D.L., adhérente
Un coin de table, ce qu'il faut de silence
et les mots qui résonnent dans la tête
quand le cœur s'emballe, se déballe.
Souplesse exigée.
Dans la lumière lisse et fragile de l'arrière-saison, la femme en moi déroule la beauté de ses fragilités en toute transparence. Il flotte dans l'air le parfum de tendresses entrelacées dans ma chevelure et qui, maintenant s'étire avec tact.
Émotion.
Sur la trame de mes désirs, le fil doux de ma pensée
chevauche un univers de mystères.
Soudain, je quitte l'abri qui m'a donné forme
et je sens se tisser sur le métier de l'écrivaine
une autre moi-même encline à croquer des mots avides de sens
ou plein de sonorités bourdonnantes.
Si certains jours, le cocon est vide,
j'aime me sentir invitée, suivre un chemin
puis faire un pas de côté et exécuter les petits sauts
que ma fantaisie me dicte :
Une chambre à soi
des mots sortent d'un cocon
un poisson dans l'herbe.
D.L., mai 2020
Hold-up sur un baiser, de la part de E.L., adhérente
Il y a quelques jours, nos vies ont changé. Quand exactement ? Ma mémoire se brouille. Les images défilent à grande vitesse, en ordre dispersé.
Une dans ce flot ininterrompu se détache, nette. Marjorie, son expression à l'écoute du prof parlant du concert de Bandit Bandit, premier événement du festival Expoésie, auquel il fait participer sa classe chaque année.
Elle m'en reparle le soir même au Cube, notre refuge après les cours.
- « Allez-viens, ça a l'air sympa », me dit-elle tout en me tendant l'un de ses écouteurs, reliés à son téléphone.
« Mange mes maux, des mots qui me font ma-aa-a-l. Range ces maux dits mots qui me font mal »… Les rythmes puissants de la batterie, associés aux sonorités graves des guitares électriques atténuent à peine les battements de mon cœur, à l'approche du souffle chaud de Marjorie, de sa gorge naissante…
- « Ce sont des musiciens prometteurs, je compte les inviter en résidence ici ». Ramenant ses cheveux derrière son oreille droite dans un geste inimitable, Marjorie lève ses yeux noisettes, cachés derrière de fines lunettes rondes, vers le trouble-fête. M. Dubros, encore lui. Je n'écoute pas sa réponse au prof, et fixe mon attention sur ses lèvres qui bougent. Cette fille m'obsède depuis le début de la rentrée scolaire. Sa beauté ne saute pas à la figure, mais se dégage par l’ovale de son visage, ses traits réguliers, son coup gracile, et surtout, sa finesse d'esprit, son sens de la répartie, la façon dont elle peut rire de tout, y compris d'elle-même…
Désormais je n'ai plus qu'une seule date en tête ; celle du 11 mars. Ce soir-là, au Sans-Réserve, la foule se presse autour de la scène près du comptoir, comme le veut la formule « bar » de la salle de musique actuelle de Périgueux. Poussé vers l'intérieur, j'ai la désagréable surprise de retrouver ma belle en grande discussion avec Karl, ce prétentieux premier de la classe.
Alors je ferme les yeux, et fait style de me laisser emporter par les notes acidulée, l'air un brin psyché et les voix tout en sensualité des montpelliérains. À un moment, le groupe laisse place au duo fondateur pour l'interprétation du fameux « Bonny and Clide », de Gainsbourg et Bardot, autres amants terribles. J'attends la fin de la chanson pour me planter devant Marjorie, la regarder fixement en posant mon gobelet en plastique vide sur le comptoir.
La musique reprend. Je n'ai le temps que de bafouiller quelques mots avant qu'une envie pressante ne me dirige tout droit vers les toilettes qui jouxtent la scène.
J'en étais encore à me maudire de ma timidité maladive en refermant mon pantalon quand je la vois. Là, dans le sas qui précède l'espace du concert, appuyée contre le radiateur. Mon rythme cardiaque s'emballe à mesure des riffs à peine étouffés par la porte toute proche. Je la rejoins, dans l'obscurité… Jamais je n'avais vu ses yeux si brillants, ses lèvres offertes…
Et puis… Trou noir. Black out total.
Je sens que l'on m'emporte, que l'on m'éloigne… et me retrouve comme attaché dans un lit d’hôpital, incapable de bouger dans des draps blancs serrés contre moi. Des visages se penchent sur moi, enfin juste des yeux, trois paires d'yeux globuleux, écarquillés. Horreur, je ne distingue rien d'autre, ni le nez, ni la bouche….
Aaaah ! Je voudrais crier, mais aucun son ne sort….
- William ! William !
- ...
- Réveilles-toi ! Ce serait bête de louper ton premier jour de reprise.
- …
- Je sais bien que ces deux derniers mois et demi n'ont pas été faciles pour toi, avec ton petit frère à la maison…. C'est quand même l'année du bac !
- Mmmmmmm
- Tes affaires sont prêtes en bas. Je t'attends pour déjeuner.
- ….
- Et n'oublie pas ton masque !
E.L., mai 2020
Nous avons la preuve que certains font du mêli mêlo...
Découvrez ici un clin d'oeil ... on attend vos mêli-mêlo à vous !
Voir butiner les abeilles
m’émerveille
les entendre bourdonner
me fait rêver
grâce à elles
des tas de fleurs
vont trouver l’âme sœur
et le miel de mon voisin
sentira le thym.
CDM, 24 mai 2020
Masques
Prendre la situation au sérieux,
ne pas se prendre au sérieux,
Et bien garder en tête
tous les épithètes
Ne pas se cacher le visage
ne pas se masquer
se dissimuler
c’est un outrage
Mettre un masque
pour se protéger
des fumées,
des détecteurs d’images,
Avoir un masque
pour les potes
Sans ce casque
tu es désinvolte
Sourire avec les yeux
et rire dans la tête
pour qu’ être à deux
soit toujours une fête.
CDM, 24 mai 2020
Il y a quelques jours, je passe devant un collège.
Vigilance !
La vigilance: activation du cortex cérébral
A tout instant
Rester vigilant
Toute la vie
Ecouter les avis
Sans oublier
Les autres à côté
Se protéger
Les protéger
Fuir "Obéir sans réfléchir"
Croire en sa capacité
Et décider.
CDM, 29 avril 2020
et patience...
Pendant le confinement
je prends le temps,
de regarder les pissenlits
depuis mon lit
de compter les aigrettes
de la fenêtre
de les regarder s'envoler
et s'éparpiller.
CDM, le 29 avril 2020
la forme d'une audace
de tant de choses...